D’une manière très passive, de nombreux chrétiens ont intégré comme vraie cette expression tout à fait erronée : « le christianisme est une religion du livre ». À côté de l’islam et du judaïsme, le christianisme consisterait à se référer à un texte, la bible, au sein duquel une partie, l’Évangile, serait digne d’une attention plus grande, parce qu’étant plus récente dans sa rédaction, elle manifesterait un état plus avancé de religiosité, de spiritualité, que les autres parties, plus archaïques et donc dépassées. Le christianisme serait donc dépositaire d’un message dont les fidèles recueilleraient le contenu plein de bonnes valeurs en écoutant régulièrement sa proclamation lors de la liturgie.
Non, le christianisme rassemble les hommes qui mettent leur foi en une personne : Jésus-Christ. Il est Lui, la Parole de Dieu en personne. Quand le Dieu invisible a voulu se dire et se montrer d’une manière totale, décisive et définitive, Sa Parole s’est faite chair, est devenue homme. C’est la chair du Christ qui est la clé, sa chair avec son histoire qui est la clé, le sens et la profondeur de toute l’écriture. C’est en elle, que la Parole prend sens et devient réelle. La Parole de Dieu par laquelle Dieu se dit et se donne, n’est donc pas d’abord écrite en un livre, mais elle est chair. Elle est aussi alors d’abord inscrite dans notre chair, dans notre âme. Cette Parole est donc non pas un message ou une sagesse écrite, mais elle est vivante et elle donne la Vie. Elle est agissante et efficace. Chez celui qui écoute et garde Sa Parole, Dieu vient faire Sa demeure. Lorsque la Parole de Dieu est entrée dans le monde et l’histoire, comme homme, elle s’est manifestée clairement comme un événement pour le salut de tous les hommes. Celui qui accueille l’Évangile dans sa vie, peut à sa lumière éprouver comment Dieu entre en lui, agit et le sauve. Celui qui écoute l’Évangile comprend comment Dieu a inscrit Sa Parole dans sa chair, dans sa vie, dans son âme, pour qu’il ait la Vie et soit sauvé.