Puisque le Verbe, la Parole de Dieu, sâest fait chair, puis pain pour nous, nous pouvons dire que la Parole a en elle-mĂȘme une dimension sacramentelle. La sacramentalitĂ© de la Parole se comprend en comparaison avec la prĂ©sence rĂ©elle du Christ sous les espĂšces du pain et du vin consacrĂ©s. En nous approchant de lâautel et en prenant part au banquet eucharistique, nous communions rĂ©ellement au corps et au sang du Christ. La proclamation de la Parole de Dieu dans la cĂ©lĂ©bration implique la reconnaissance que le Christ lui-mĂȘme est prĂ©sent et sâadresse Ă nous pour ĂȘtre Ă©coutĂ©.
Sur lâattitude Ă avoir aussi bien envers lâEucharistie quâenvers la Parole de Dieu, saint JĂ©rĂŽme affirme : « Nous lisons les Saintes Ăcritures. Je pense que lâĂvangile est le Corps du Christ ; je pense que les Saintes Ăcritures sont son enseignement. Et quand il dit : si vous ne mangez pas la chair du Fils de lâhomme, et si vous ne buvez pas son sang (Jn 6, 53), ses paroles se rĂ©fĂšrent au MystĂšre [eucharistique], toutefois, le corps du Christ et son sang sont vraiment la Parole de lâĂcriture, câest lâenseignement de Dieu. Quand nous nous rĂ©fĂ©rons au MystĂšre [eucharistique] et quâune miette de pain tombe, nous nous sentons perdus. Et quand nous Ă©coutons la Parole de Dieu, câest la Parole de Dieu et la chair du Christ et son sang qui tombent dans nos oreilles, et nous nous pensons Ă autre chose. Pouvons-nous imaginer le grand danger que nous courons ? ».
Le Christ, rĂ©ellement prĂ©sent dans les espĂšces du pain et du vin, est prĂ©sent analogiquement dans la Parole proclamĂ©e dans la liturgie. Ă cette lumiĂšre, il ne nous est plus possible dâarriver tranquillement Ă la messe, comme si nous pouvions rencontrer le Christ vivant dans lâeucharistie sans lâavoir rencontrĂ© et Ă©coutĂ© vivant, qui nous parle dans les Ă©critures proclamĂ©es dans la liturgie.