Nouvelle traduction du missel – Parole de Dieu et dialogue avec Dieu : Crédo (2)

La foi est d’abord appel à une communion, appel à l’unité sociale de l’esprit, par l’unité de la parole. C’est seulement dans un second temps, que la foi ouvre à chacun la voie d’une aventure personnelle vers la vérité. Cette dimension collective, sociale de la foi se vérifie en particulier par le nom selon lequel on désigne notre profession de foi :

« le symbole ». Nous parlons du « symbole » des apôtres, ou du « symbole » de Nicée-Constantinople. Nous disons donc que la foi que nous récitons est un « symbole ». Mais qu’entendons-nous par-là ?

Dire la foi comme symbole, c’est exprimer la nature de la foi : cette foi n’est pas une simple liste, une série de dogmes que nous pourrions séparer comme des atomes. Le terme symbole renvoie à un verbe qui signifie : mettre ensemble, réunir. Il s’agissait dans l’antiquité de réunir deux morceaux d’un même objet qu’on avait rompu comme signe de reconnaissance pour des hôtes, des messagers ou des partenaires d’un traité. Être en possession d’un des morceaux donnait droit vis-à-vis de l’autre possesseur du second morceau à tel ou tel objet, ou prestation. Le symbole est donc par définition un élément qui renvoie à un autre élément destiné à le compléter pour créer une unité réciproque. Le symbole est expression et moyen d’unité. Tel est donc le sens du symbole de la foi chrétienne : permettre l’unité, permettre une profession commune de Dieu, une adoration commune.

Le symbole comme tel renvoie à l’autre, à l’unité de l’esprit dans l’unité de la parole professée. Le dogme exprimé dans le symbole est l’expression de notre culte, la forme de notre conversion, par laquelle nous nous tournons vers Dieu mais aussi les uns vers les autres pour sa commune glorification. Chaque homme ne détient la foi que comme symbole qui ne trouve son unité et son intégralité qu’en s’unissant aux autres. Pour réaliser le symbole, l’union aux autres est nécessaire. La foi demande l’unité, et est tournée vers l’Église. L’Église est partie intégrante de la foi. Je ne peux pas prétendre vivre ma foi seul sans perdre ainsi pour moi-même le symbole de la foi. De même, l’Église elle-même dans sa totalité ne détient la foi que comme symbole, comme moitié brisée, qui n’est vérité que par sa relation à l’infini, à Dieu, à ce qui est tout autre, et à quoi elle vise au-delà d’elle-même. À cette lumière, il est très nécessaire de revisiter notre rapport à la foi, dans laquelle bien souvent nous faisons le tri en ne conservant que ce qui nous convient et entre dans les limites de notre raison. Par cette attitude notre foi se limite à un sentiment subjectif, qui nous coupe de la communion de la foi dans l’Église et de la possibilité d’entrer avec les autres dans la pleine alliance avec Dieu.

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