Nouvelle traduction du missel – Parole de Dieu et dialogue avec Dieu : Credo (1)

AdhĂ©rant de tout cƓur Ă  la Parole de Dieu, nous offrons Ă  Dieu notre rĂ©ponse en professant notre foi. Nous avons pris l’habitude de rĂ©citer notre foi comme on pourrait rĂ©citer un texte appris par cƓur, un texte renfermant un contenu, dont nous avons pu approfondir le sens par notre rĂ©flexion. Mais peut-ĂȘtre avons-nous oubliĂ© que la forme la plus ancienne de la profession de foi – que l’on retrouve dans la liturgie du baptĂȘme – est un dialogue en trois parties. Une triple affirmation positive opposĂ©e Ă  la triple renonciation dite auparavant. Nous savons bien d’ailleurs que la foi n’est pas d’abord rĂ©citation d’un contenu mais que fondamentalement elle est un acte de conversion, un retournement de tout notre ĂȘtre pour nous tourner plein de confiance vers le Dieu invisible. Dans ce processus de conversion qui caractĂ©rise la foi, le « je » et le « tu », le « je » et le « nous » s’entrelacent. Quelqu’un me demande « Crois-tu ? » et je rĂ©ponds : « Je crois » C’est bien moi, Ă  la premiĂšre personne qui crois, qui me convertis, et c’est mon existence qui doit changer, mais insĂ©parablement de cet Ă©lĂ©ment personnel se trouve Ă©galement un autre Ă©lĂ©ment : l’option du moi se prĂ©sente sous la forme d’une rĂ©ponse Ă  une question : « Crois-tu ? », « Je crois ». La foi est une rĂ©ponse Ă  un « tu » et une communion avec lui. La foi n’est pas le rĂ©sultat d’élucubration du moi solitaire qui se forgerait ses idĂ©es tout seul sur la vĂ©ritĂ©. La foi est le fruit d’un dialogue, l’expression d’une audition, d’un accueil et d’une rĂ©ponse, par laquelle l’homme, grĂące Ă  l’échange entre le « je » et le « tu » s’insĂšre dans le « nous » de ceux qui partagent la mĂȘme foi. La caractĂ©ristique de la foi est de naĂźtre de la prĂ©dication, d’ĂȘtre accueil d’une donnĂ©e, non un produit personnel. L’exercice de ma pensĂ©e sur l’objet de la foi est toujours une re-pensĂ©e sur ce que j’ai entendu et reçu. La foi se prĂ©sente d’abord Ă  chacun de l’extĂ©rieur, elle n’est pas une idĂ©e personnelle mais est la parole d’un autre. « Crois-tu ? » « Je crois. » Elle nous devance. Elle est d’abord une donnĂ©e impossible Ă  concevoir pleinement, que je dois accueillir. Cet accueil engage ma responsabilitĂ©, car mĂȘme si le don n’est jamais pleinement ma propriĂ©tĂ©, et que je ne peux jamais combler pleinement mon retard par rapport Ă  lui, je dois chercher Ă  me l’assimiler de plus en plus, en me livrant Ă  lui comme Ă  un plus grand que moi. Il rĂ©sulte de cela que la parole de foi n’est pas adaptable Ă  loisir, interchangeable ; elle m’est imposĂ©e toute prĂ©parĂ©e devançant ma pensĂ©e. La rĂ©alitĂ© de ce donnĂ© me donne ce que je ne saurais me donner Ă  moi-mĂȘme. Il y a donc une dimension objective, sociale, collective de la foi, qui est la condition d’une vĂ©ritable communion.

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