AdhĂ©rant de tout cĆur Ă la Parole de Dieu, nous offrons Ă Dieu notre rĂ©ponse en professant notre foi. Nous avons pris lâhabitude de rĂ©citer notre foi comme on pourrait rĂ©citer un texte appris par cĆur, un texte renfermant un contenu, dont nous avons pu approfondir le sens par notre rĂ©flexion. Mais peut-ĂȘtre avons-nous oubliĂ© que la forme la plus ancienne de la profession de foi â que lâon retrouve dans la liturgie du baptĂȘme â est un dialogue en trois parties. Une triple affirmation positive opposĂ©e Ă la triple renonciation dite auparavant. Nous savons bien dâailleurs que la foi nâest pas dâabord rĂ©citation dâun contenu mais que fondamentalement elle est un acte de conversion, un retournement de tout notre ĂȘtre pour nous tourner plein de confiance vers le Dieu invisible. Dans ce processus de conversion qui caractĂ©rise la foi, le « je » et le « tu », le « je » et le « nous » sâentrelacent. Quelquâun me demande « Crois-tu ? » et je rĂ©ponds : « Je crois » Câest bien moi, Ă la premiĂšre personne qui crois, qui me convertis, et câest mon existence qui doit changer, mais insĂ©parablement de cet Ă©lĂ©ment personnel se trouve Ă©galement un autre Ă©lĂ©ment : lâoption du moi se prĂ©sente sous la forme dâune rĂ©ponse Ă une question : « Crois-tu ? », « Je crois ». La foi est une rĂ©ponse Ă un « tu » et une communion avec lui. La foi nâest pas le rĂ©sultat dâĂ©lucubration du moi solitaire qui se forgerait ses idĂ©es tout seul sur la vĂ©ritĂ©. La foi est le fruit dâun dialogue, lâexpression dâune audition, dâun accueil et dâune rĂ©ponse, par laquelle lâhomme, grĂące Ă lâĂ©change entre le « je » et le « tu » sâinsĂšre dans le « nous » de ceux qui partagent la mĂȘme foi. La caractĂ©ristique de la foi est de naĂźtre de la prĂ©dication, dâĂȘtre accueil dâune donnĂ©e, non un produit personnel. Lâexercice de ma pensĂ©e sur lâobjet de la foi est toujours une re-pensĂ©e sur ce que jâai entendu et reçu. La foi se prĂ©sente dâabord Ă chacun de lâextĂ©rieur, elle nâest pas une idĂ©e personnelle mais est la parole dâun autre. « Crois-tu ? » « Je crois. » Elle nous devance. Elle est dâabord une donnĂ©e impossible Ă concevoir pleinement, que je dois accueillir. Cet accueil engage ma responsabilitĂ©, car mĂȘme si le don nâest jamais pleinement ma propriĂ©tĂ©, et que je ne peux jamais combler pleinement mon retard par rapport Ă lui, je dois chercher Ă me lâassimiler de plus en plus, en me livrant Ă lui comme Ă un plus grand que moi. Il rĂ©sulte de cela que la parole de foi nâest pas adaptable Ă loisir, interchangeable ; elle mâest imposĂ©e toute prĂ©parĂ©e devançant ma pensĂ©e. La rĂ©alitĂ© de ce donnĂ© me donne ce que je ne saurais me donner Ă moi-mĂȘme. Il y a donc une dimension objective, sociale, collective de la foi, qui est la condition dâune vĂ©ritable communion.